L'Ambassadeur d'Autistan en Belgique

Déclaration sur l'autisme et la neurodiversité
par François Delcoux
Ambassadeur d'Autistan en Belgique

 

Autisme et Neurodiversité

Tout comme la biodiversité est utile pour renforcer, pérenniser et stabiliser les écosystèmes, la neurodiversité est essentielle à l'humanité et à la société pour leur assurer des progrès tant scientifiques que philosophiques.
Dans le cadre de cette richesse immatérielle et vitale qu’est la neurodiversité, l'autisme n’est autre qu’une façon différente d'être humain, avec ses avantages et ses inconvénients, comme pour tout un chacun.
Malheureusement, la différence tend à effrayer les gens, l’incompréhension suscitant méfiance et rejet..
Pourtant, en expliquant ce qu’est réellement l'autisme, en en démystifiant les clichés et en démontrant ce que pourraient apporter la compréhension mutuelle, l'inclusion sociale ainsi qu’une collaboration inclusive et constructive aux deux parties (neurotypiques et autistes), l'humanité toute entière pourrait se hisser vers un meilleur niveau de paix, de respect et d'efficacité.

 

Quelle(s) maladie(s) ?

L'autisme n'est pas une maladie. En aucun cas. Toutefois, le rejet de la société dont souffrent les personnes de cette nature différente peut engendrer plusieurs séquelles psychologiques. Seules ces dernières et, dans une certaine mesure, des saturations sensorielles inhérentes à l’autisme sont curables. Elles peuvent faire l’objet d’une prise en charge par des spécialistes compétents dans le seul intérêt de soulager la souffrance de ces personnes et non pas pour le confort ou la facilité de tierces personnes. L’autisme, en tant que tel, n’est absolument pas à combattre.

 

Une différence naturelle de l’Humanité

Cette différence naturelle trouve son origine au sein de l’Humanité : contrairement aux cerveaux dits « neurotypiques » (c’est-à-dire ceux de la majorité de la population), les cerveaux autistiques ne subissent pas ou peu de « tris neuronaux ». Ces derniers surviennent d’ordinaire autour de l’âge de 2 ans (permettant de distinguer automatiquement l’utile de l'accessoire, filtrant ainsi les informations non-essentielles comme, par exemple, des stimulations sensorielles excessives) et autour de 12 ans (permettant de distinguer instinctivement ce qui est socialement considéré comme valide de ce qui ne l’est pas).
Ces distinctions, certains autistes peuvent également apprendre à les opérer, mais uniquement par des biais intellectuels, analytiques, ce qui demande plus de temps et d’efforts que des présélections au niveau neuronal. Cependant, leurs déductions sont souvent plus pertinentes car issues de réflexions conscientes et absoutes de conventions sociales.

 

Des perceptions plus intenses

Il arrive souvent que les perceptions d'une personne autiste, physiquement sensorielles et métaphysiquement émotionnelles, soient beaucoup plus intenses que celles d'une personne neurotypique.
Par conséquent, il est parfaitement normal que les autistes se sentent saturés et submergés par ces informations trop nombreuses qui envahissent leurs esprits, générant ainsi des émotions si larges et si intenses que souvent ils ne parviennent pas à trouver un moyen de les classer ou de les exprimer d'une manière «standard», socialement admise, qu' ils ne peuvent deviner instinctivement.

 

Des profils variés

L'autisme est un spectre, un continuum multifactoriel qui n'admet pas de «grades», pas de «hiérarchie»: les personnes sont simplement diverses et variées, chaque différence, qu’elle soit dans ce spectre ou en dehors, est un trésor potentiel pour l'humanité toute entière et pour chacun d'entre nous.
On dit souvent qu’il existe pratiquement autant de formes d’autisme qu’il y a de personnes autistes. En effet, chacun présente des niveaux spécifiques sur chacun des nombreux axes de ce continuum multifactoriel, lui conférant ainsi des caractéristiques, pour ainsi dire, uniques.
Pour ne citer que certains de ces axes les plus notables, l’axe de l’intellect n’est pas corrélé à celui de la verbosité, non plus qu’à ceux des sensibilités sensorielles ni à ceux du désir social, de la dépression, des TOC, etc. On pourra donc rencontrer en une très grande variété, des autistes verbaux ou non, peu ou très intelligents, hypersensibles à certaines perceptions, hyposensibles à d’autres, solitaires ou très désireux d’avoir des amis, sereins ou souffrant de fortes dépressions, présentant beaucoup ou peu de TOC et autres rituels, etc.

 

Vivre ensemble et œuvrer contre les discriminations

Ainsi, le seul moyen véritablement inclusif d'œuvrer à la rencontre de ces deux mondes apparemment incompatibles, que sont ceux des autistes et des neurotypiques, consiste à faire en sorte que les deux parties travaillent ensemble à une meilleure compréhension, comme le feraient deux pays avec des cultures et traditions très différentes. C'est pourquoi nous devons être représentés par des gens de notre nature, pour qu’ils puissent dire aux autres ce que c'est de l'intérieur.
Pour conclure, notons que la discrimination actuelle de la société contre les personnes autistes est exactement de la même nature que celle qui fit rage contre les personnes noires aux États-Unis dans les années 1950 ou, plus récemment, contre les homosexuels : un malentendu conduisant à la peur puis à la haine. Dès lors, l'information, l'éducation et la prévention sont les seuls moyens de lutter contre l'ignorance et la ségrégation. Nous voulons œuvrer pour un monde inclusif, de paix et de prospérité.

Interventions journée mondiale de l'autisme 2017
par François Delcoux
Ambassadeur d'Autistan en Belgique

Bruxelles, 2 avril 2017 (crédit vidéo : Ivy Verlinden, ©2017)

 

Syndrome d'Asperger

 

Projet d'insertion professionnelle (projet APTA)

Suicide de Florimond, 8 décembre 2017

(article en cours)

Journée de l'autisme 2018

voir l'article et le reportage de RTBF sur Autistan.org